Zèbre et coaching !

Dans cet article, nous allons nous intéresser aux profils atypiques qu’on a commencé à appeler communément les « zèbres ». Ce sont les personnes qu’on appelle également « à haut potentiel intellectuel » (HPI), « surdoués » ou encore « précoces ».

Le terme « zèbre » vient de la psychologue Jeanne SIAUD FACCHIN. Elle a utilisé l’image de cet équidé indomptable et qui a la particularité d’être unique par le tracé que forment ses rayures. A l’image du zèbre, les personnes à haut potentiels sont toutes uniques dans leurs particularités. Cette appellation est intéressante car elle est moins connotée que les autres.

J’ai souhaité écrire cet article car le coaching est une manière d’accompagner qui correspond exactement à la manière de fonctionner de ces profils atypiques. A Grenoble et son agglomération, ou j’exerce mon activité, j’en ai accompagné plusieurs, et c’est une rencontre qui me marque à chaque fois tant ces personnes ont un mode de pensée fascinant.

 

C’est quoi le HPI ?

Mais commençons par le commencement, c’est quoi le HPI ?

Il y’a une croyance très tenace, dans notre société actuelle, que les surdoués sont des enfants qui sont particulièrement brillants à l’école. On les visualise souvent comme premier de la classe et chouchou de la maîtresse, et bien évidemment, excellent en mathématiques et dans les matières scientifiques.

C’est une caricature totalement fausse et très éloignée de la réalité et du quotidien des personnes à Haut Potentiel Intellectuel.

Certains vont effectivement être doués en maths, mais d’autres seront doués en sport, excellent en langues étrangères ou tout simplement dans un domaine qui n’a rien à voir avec l’école. Par exemple, certains peuvent être absolument incollable sur les espèces d’insectes dans le monde.

Ainsi, lorsque les compétences intellectuelles s’expriment dans des domaines qui ne sont pas scolaires, il n’est pas rare que ces personnes se retrouvent en échec à l’école.

 

Comment savoir si je suis un zèbre ?

 

Aujourd’hui, pour savoir si une personne est à haut potentiel intellectuel, il faut passer un test de QI, fait par un psychiatre ou un neuropsychologue. Ces tests, dans divers médias ou livres, sont régulièrement controversés et qualifiés de non fiables, mais c’est aujourd’hui la seule méthode de diagnostic. Une personne est reconnue HPI si elle obtient un score de plus de 130 au test de Weschler.

Sur ce point, je me permets de partager mon expérience personnelle. En effet, lorsqu’on m’a orientée vers les tests pour ma fille aînée à l’âge de 7 ans, elle s’est retrouvée juste en dessous du « seuil » de la surdouance, cependant, la neuropsychologue m’avait expliqué que le test avait été faussé par le fait que ma fille, lors des deux premières séances, avait été tellement stressée que ça avait impacté sa capacité de concentration. Il ne faut donc pas oublier les conséquences des réactions émotionnelles sur la capacité d’attention, de concentration et de réflexion.

Une fois le diagnostic posé, la personne (qu’elle soit adulte, jeune ou enfant) doit encore comprendre en quoi cette étiquette fait partie de son identité : « je suis haut potentiel, donc je suis différent ! Mais différent de qui ? Pareil que qui ? dois-je en parler à mon entourage ? et maintenant, je fais quoi de cette découverte ? ». Le travail portera à ce moment-là sur la découverte des spécificités des personnes HPI. Sachant que comme nous l’avons vu plus haut, chaque personne est unique, donc leurs spécificités le sont aussi.

 

Les caractéristiques du zèbre

 

Voici une liste non exhaustive des caractéristiques qu’on retrouve chez les zèbres. Toutes ne sont pas obligatoirement présentes, et peuvent être nuancées selon les personnalités de chacun.

On retrouve d’abord des spécificités cognitives :

  • Ils ont une pensée intuitive, cela veut dire qu’ils sont capables de donner la réponse sans être capable d’expliquer le raisonnement qu’ils ont mené. Point qui est problématique pour école
  • Ils ont une pensée en arborescence, c’est-à-dire que la pensée peut partir dans plusieurs directions en même temps, et que chaque idée va donner naissance à plusieurs « sous-idées » qui vont emmener de nouvelles directions à nouveau
  • Ils ont une pensée en parallèle, c’est-à-dire qu’ils pensent en permanence à plusieurs choses en même temps
  • Ils ont un déficit d’Inhibition latente. Qu’est-ce que donc que cela ? L’inhibition latente est le processus mental qui permet à notre cerveau de trier les stimuli qui nous arrive. Par exemple, isoler les bruits extérieurs quand on est en pleine conversation avec un ami. Le déficit sur cette fonction entraîne une grande distractibilité et une difficulté à maintenir son attention sur une tâche (particulièrement compliqué pour les enfants et les jeunes à l’école)
  • Difficultés à comprendre les implicites. Là ou une majorité de personnes n’auront aucun mal à décoder les implicites d’une demande, les hauts potentiels eux vont prendre les mots d’une consigne « au sens propre ». Pour bien comprendre, le mieux est de donner un exemple : Dans la demande d’un parent à son enfant « pourrais-tu venir manger ? », l’enfant va répondre positivement… et ne pas venir car il aura compris « tu m’as demandé si je pouvais venir, mais tu ne me l’as pas ordonné »
  • Ils ont une hypersensorialité : ils ont un ou plusieurs sens particulièrement développés, ce qui peut causer de grandes difficultés dans la vie quotidienne. Un élève qui a une hyperacousie (ouïe très développée) va être mis à mal dans une classe bruyante. Ou un adulte va supporter difficilement le travail en open space

 

Les spécificités comportementales et affectives :

  • Ils ont une très haute conscience morale : ils attendent de leur proche un alignement et une congruence irréprochable. C’est-à-dire qu’ils attendent que nos actes soient en cohérence parfaite avec nos pensées, nos idées et nos paroles. Ils ont également un très grand sens de la justice
  • Il se questionnent souvent énormément sur la mort et le sens de la vie
  • Ils ont un grand désir d’autonomie, ils veulent pouvoir tout décider pour eux
  • Ils ont également une autonomie de pensées. C’est-à-dire qu’ils vont remettre en question toutes les pensées qui arrivent de l’extérieur et vont avoir besoin de vérifier ce qui leur est dit.

 

Les difficultés relationnelles

Il n’est pas rare que pour les zèbres, il soit compliqué de rentrer en relation avec les autres. Ils peuvent avoir le sentiment d’être différent et se sentir en décalage. En effet, leurs questionnements sur le sens de la vie et leurs attentes vis-à-vis de la conscience morale rendent délicate la construction de la relation. Les centres d’intérêt particuliers qu’on retrouve régulièrement chez les personnes à haut potentiels peuvent également être un frein à la relation car il ne sera pas aisé de trouver des centres d’intérêt communs avec les autres

 

Et le coaching dans tout ça ?

Comme je le disais en début d’article, en tant que coach à Grenoble et son agglomération, mais également en tant que mère de famille, j’ai côtoyé plusieurs jeunes à Haut Potentiel Intellectuel.

Le coaching est un accompagnement qui convient très bien à ce type de personnalité. Contrairement à l’école où on enferme les enfants et les jeunes dans un cadre strict et dans un mode de pensée particulier, le coach va laisser le « zèbre » explorer ses questionnements, pousser sa réflexion aussi loin qu’il le souhaite tout en remettant des limites pour rester centré sur l’objectif qu’il se sera lui-même fixé.

Cette manière d’accompagner correspond très bien à leur pensée en arborescence ainsi qu’à leur besoin impérieux d’autonomie.